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Photo du rédacteurOlivia Sunway

Wilfully Love - Chapitre 1


Christian était le genre d’homme qui ne pensait qu’à son boulot. Pendant son adolescence, il traînait avec Kevin, son meilleur ami, et autant dire qu’ils n’étaient pas du tout attirants. Ils ressemblaient plus à des geeks intellos qu’à des athlètes sexy. De quoi faire fuir n’importe quelle fille. C’est pourquoi Christian s’était toujours plongé dans ses centres d’intérêt, puis son travail en grandissant, ne prêtant que peu d’attention à la gent féminine. Oui, Christian était encore vierge.

Pendant longtemps, ça ne l’avait pas trop inquiété, mais plus les années passaient, plus cette situation le rendait nerveux. Il essayait tant bien que mal de garder ce problème bien enfoui dans son esprit. S’il avait eu assez d’assurance, Christian aurait pu sortir dans un bar, un soir, boire quelques verres et brancher une fille pour se débarrasser de ce problème, mais ce n’était pas le cas. Au fond de lui, il avait peur de finir seul et de ne jamais connaître les joies d’une relation intime avec une femme…

Cela n’empêchait pas Kevin de le traiter d’extraterrestre. Car s’ils avaient eu le même parcours, ce dernier s’étant trouvé une passion pour la musique, et plus particulièrement pour son groupe de rock, Kevin avait eu son lot de groupies. Jessica avait été sa première copine, celle qu’il n’oublierait jamais…

En parlant de Jessica…

Depuis que cette dernière travaillait dans sa société, Christian n’avait jamais passé une seule journée calme. C’était une vraie tornade qui ne cessait de le provoquer. Surtout quand ils étaient en présence des autres employés. En privé aussi, d’ailleurs. En fait, elle se permettait des choses à la limite du respect dès qu’elle le voyait… Des centaines de fois, il avait eu envie de la renvoyer, mais il se retenait toujours en pensant à Kevin, qui était encore éperdument amoureux d’elle.

Même si Christian comprenait que ça avait été son premier amour, cette fille était une garce sans cœur, comme la surnommaient la plupart des salariés de l’entreprise. Il avait fait l’impasse sur les vidéos osées dont le gardien lui avait fait part et sur une tonne d’autres choses aussi. Comme le fait qu’elle le tutoie et l’humilie sans arrêt devant ses subordonnés. Elle n’avait aucune limite et aucun savoir-vivre.

Malgré tout, au bout de plusieurs années, Christian avait développé une certaine affection pour cette femme particulière. Dans le fond, elle n’était pas méchante. Elle était juste sans filtre et ne se souciait pas des répercussions que ses paroles pouvaient provoquer.

Grâce à sa grande bouche, il avait vite vu qu’elle avait du potentiel en mettant toujours le doigt sur ce qu’il fallait pour convaincre un nouveau client. C’était pour cela qu’il lui avait donné cette promotion. Désormais, elle pourrait l’accompagner et analyser le potentiel de ses futurs contrats. Parce que, si Jessica était souvent insupportable et chiante, il fallait lui reconnaître des capacités hors normes lorsqu’il s’agissait de négocier.

Son prochain voyage s’annonçait prometteur. Ce serait le premier où il serait accompagné. De plus, Jessica étant une belle femme, elle pourrait probablement distraire ses clients et les faire signer n’importe quoi. Il s’en voulut un peu d’avoir ce genre de pensées sexistes, mais c’était un bonus non négligeable, si tant est qu’elle n’ouvre pas la bouche pour les insulter.

Christian s’installa devant son ordinateur en sirotant son café du matin. Comme il venait tout juste d’arriver, il cliqua sur sa boîte mail, mais son PC planta, l’empêchant de voir les derniers messages importants qu’il attendait. C’était récurrent, ces derniers temps, et ça commençait à l’agacer. Énervé, il contacta le service informatique. Cela faisait plusieurs jours qu’il les appelait pour des problèmes divers et variés. Il était à deux doigts de jeter son portable pour en demander un neuf !

— Service informatique, bonjour, Éloïse à votre écoute. Que puis-je faire pour vous, monsieur Peterson ?

Christian était toujours surpris lorsque son interlocuteur reconnaissait son numéro de poste.

— Bonjour Éloïse. Je crois que ça va devenir une habitude…, soupira Christian. Je vous appelle tous les jours. Mon PC vient de se transformer en sapin de Noël. Nous sommes pourtant en plein mois de juin... Plusieurs voyants clignotent et il émet des bips incessants…

— Je vois, répondit-elle en retenant un rire. Avez-vous toujours le contrôle du PC ?

— Négatif.

— D’accord. Laissez-moi vérifier deux, trois trucs… Et maintenant ?

— Toujours pas.

Il y eut quelques secondes de silence, puis Éloïse reprit :

— Je vais devoir venir sur place pour rechercher la panne.

Christian soupira de nouveau.

— Est-ce que ce sera long ? J’ai une réunion dans trente minutes.

— J’arrive tout de suite. J’envoie également une demande pour vous apporter un nouvel ordinateur, si besoin.

— Très bien, à tout de suite.

Et il raccrocha. Depuis quelques mois, il ne tombait plus que sur des femmes, alors qu’avant, c’était plutôt le contraire. Il se promit de faire un tour au service informatique par simple curiosité. C’est vrai qu’aujourd’hui, les femmes travaillaient dans tous les secteurs d’activité. Souvent, elles étaient même très compétentes et n’avaient rien à envier aux hommes. Christian pensa immédiatement à Jessica, qui excellait dans son domaine, même si Martin était également un bon élément.

Le téléphone de Christian se mit à sonner, le tirant de ses pensées.

— Oui ? dit-il en décrochant.

— Monsieur Peterson, Éloïse, du service informatique, vient d’arriver, l’informa Babeth, sa secrétaire, dont le comptoir se trouvait juste avant le bureau de Christian.

— Très bien, faites-la entrer.

La porte s’ouvrit doucement et une belle blonde entra dans le bureau de Christian. Les cheveux mi-longs bouclés avec de légères mèches d’un joli blond, elle portait également de grosses lunettes noires qui lui donnaient un air très sérieux. En temps normal, Christian était assez insensible à la gent féminine, mais cette fille… Il n’arrivait pas à détacher son regard de ses yeux noisette. De plus, sa chemise à carreaux noirs et blancs, ainsi que son jean clair, détonnaient avec le tailleur strict de Christian. Pourtant, malgré son look décontracté, elle était magnifique et presque hypnotique.

— Bonjour, Monsieur Peterson, dit-elle en s’approchant du bureau. Je peux jeter un œil ?

Elle désigna l’ordinateur de Christian et il fit de son mieux pour se ressaisir.

— Heu… oui, bien sûr, bredouilla-t-il en lissant sa cravate pour se donner une contenance.

Il se leva maladroitement et s’écarta de son siège pour laisser passer Éloïse. Il ne savait pas très bien ce qu’il lui arrivait, mais il avait une sorte de bouffée de chaleur et son cœur battait un peu trop vite à son goût. Il se sentait étrangement mal à l’aise et il n’arrivait pas à détacher ses yeux de cette femme.

Heureusement, elle était concentrée sur l’ordinateur et s’affairait à résoudre le problème, sans remarquer le trouble de son PDG. Elle aussi était très investie dans son travail. Toutefois, lorsqu’elle eut terminé et qu’elle se releva du fauteuil hors de prix, elle avisa le comportement bizarre de son patron. Les rares fois où elle l’avait vu, il semblait très sûr de lui, presque inaccessible. Pourtant, à cet instant précis, il avait l’air malade…

— Vous vous sentez bien ? s’enquit-elle en le dévisageant.

Christian se fit violence pour retrouver une attitude convenable, mais il n’y arrivait pas.

— Heu… Oui. Tout va très bien…, bafouilla-t-il avec hésitation.

Éloïse fronça les sourcils, mais n’insista pas.

— Votre PC est de nouveau opérationnel. Vous pouvez appeler ma ligne directe la prochaine fois. Ce sera plus facile pour résoudre votre problème si c’est la même personne qui s’en occupe. Mais je vais quand même créer un dossier complet si quelqu’un d’autre intervient.

Christian sentit une vague de chaleur irradier son visage à la simple pensée de la revoir. Heureusement que sa peau sombre masquait ses joues rougissantes. En tout cas, il l’espérait vraiment. Il était terrorisé à l’idée d’être démasqué.

— Oui, bien sûr. Merci, Éloïse. Vous pouvez disposer.

— C’est le 1033, ajouta-t-elle tout de même, juste au cas où.

Christian hocha la tête, n’écoutant qu’à moitié ce qu’elle lui disait. Il était trop obnubilé par son visage magnifique et les sensations qu’il essayait de cacher tant bien que mal. Il n’avait jamais été dans une telle situation et c’était déstabilisant.

Quant à Éloïse, elle se demanda pourquoi son patron avait l’air si bizarre aujourd’hui, mais ne se douta pas un seul instant du trouble qui l’habitait. Elle le salua brièvement avant de repartir.

Au moment où la porte du bureau se refermait, Christian se laissa tomber sur son fauteuil. Il ne savait pas quoi penser de tout ça. Cela faisait trop longtemps qu’il s’était transformé en bourreau de travail, et avait fait une croix sur les femmes, qu’il n’avait jamais pensé être troublé par quelqu’un. Encore moins, une de ses employées...

Depuis des années, il passait ses journées à travailler comme un fou, pratiquement jour et nuit. Son poste ne lui laissait que peu de temps libre et, jusqu’à maintenant, ça lui avait toujours convenu.

Il n’eut que quelques minutes de répit avant que la porte de son bureau ne s’ouvre d’un coup, laissant apparaître Jessica. Babeth l’invectivait en lui courant après, mais Jessica lui claqua la porte au nez.

— Salut Christian ! dit-elle avec un grand sourire. C’était qui cette blonde que je viens de voir quitter ton bureau ?

— Jessica ! grogna Christian. Combien de fois dois-je te le répéter ?! Je suis le PDG de cette boîte, bordel ! Tu ne peux pas entrer dans mon bureau comme si c’était le tien !

— Oui, oui, je sais…, râla-t-elle en levant les yeux au ciel.

Christian croisa les bras sur sa poitrine en toisant Jessica. Bien qu’il fasse son possible pour l’intimider, il savait que c’était peine perdue, mais il continuait d’essayer.

— Et arrête de faire ça dès que je te fais la moindre remarque !

— C’est bon ? Tu as terminé ? Parce que j’ai une bonne nouvelle, figure-toi !

Jessica s’avança vers le bureau de Christian pour y jeter un dossier.

— Je viens de recevoir le contrat de la compagnie aérienne ! se réjouit-elle.

Christian écarquilla les yeux.

— Comment tu as fait ça ? Ils étaient catégoriques sur leurs conditions…

Jessica esquissa un sourire malicieux.

— J’ai épluché leurs clauses et contourné la plupart d’entre elles en trouvant des compromis intéressants pour les deux parties.

— Très bien… Félicitations, mais ce n’est pas parce que tu es compétente que ça te donne le droit de m’humilier.

Jessica s’installa dans le fauteuil en face de Christian et croisa ses longues jambes fines.

— Donc, c’était qui cette blonde ? éluda-t-elle.

— Éloïse du service informatique. Elle est venue réparer mon PC. Rien de transcendant. D’ailleurs, j’ai une réunion dans quelques minutes. Alors, si tu veux bien retourner à ton poste…

— D’accord, comme tu veux…, soupira-t-elle en se levant.

— Et sois gentille avec Babeth, s’il te plaît. Ne la titille pas !

Jessica se contenta d’adresser un sourire et une moue malicieuse à Christian. Comme si elle lui disait silencieusement : mais, bien sûr, cours toujours…

Du coup, Christian lui fit les gros yeux. De toute façon, c’était la seule chose qu’il faisait lorsque Jessica dépassait les bornes. Il n’avait pas encore trouvé comment la gérer et c’était problématique. Il devrait peut-être en toucher deux mots à Martin…

Toutefois, il balaya vite cette idée. Inutile de recommencer à s’immiscer dans la vie privée de ces deux-là. La dernière fois avait été une sacrée catastrophe et il s’en voulait toujours d’avoir écouté les idées farfelues de Kevin.

Christian récupéra le dossier que Jessica avait posé sur son bureau et se dirigea vers la salle de réunion où les actionnaires du groupe l’attendaient déjà. Il devait les rassurer sur la croissance du marché et l’avenir de l’entreprise, et ce nouveau contrat tombait à pic !


Quatre heures plus tard, ils se faisaient livrer des plateaux-repas gastronomiques en continuant à débattre sur les budgets, la visibilité dans la presse, la stratégie commerciale et bien d’autres choses encore…

La réunion dura toute la journée et fut épuisante, comme toutes les réunions hebdomadaires des actionnaires. Il y en avait toujours une bonne vingtaine sur place sur les mille qui pouvaient suivre la conférence en ligne. Ce n’était jamais les mêmes qui étaient présents, pour assurer un roulement permanent et accueillir tout le monde au moins une fois par an. Heureusement, Babeth faisait un compte rendu détaillé, en visionnant la conférence une fois qu’elle était terminée, et l’envoyait à tous les actionnaires. Ceux qui n’avaient pas pu y participer pouvaient ainsi être toujours informés de l’évolution de l’entreprise.

Quand la réunion se termina enfin, il était 18 h passées. Christian étant épuisé, il s’empressa de rentrer chez lui. Toutefois, en quittant son bureau, il repensa à Éloïse et fut de nouveau troublé, sans comprendre pourquoi cette femme l’avait déstabilisé.

Durant le trajet en voiture qui menait jusqu’à son appartement de 100 m² à Brétigny-sur-Orge, il se tritura les méninges pour découvrir ce qui s’était passé avec Éloïse. Le pire, c’était qu’elle avait des traits physiques similaires à Jessica et ça le perturba encore plus. Elles ne se ressemblaient pas vraiment, mais elles étaient toutes les deux grandes, minces et blondes. La comparaison s’arrêtait là, puisque Éloïse n’avait rien fait pour l’humilier en ouvrant la bouche, tandis que Jessica ne manquait jamais une occasion de le faire. À croire que ça l’amusait ou qu’elle ne s’en rendait vraiment pas compte.

Il fallait qu’il éclaircisse ce point rapidement, surtout si elle partait avec lui pour son prochain voyage d’affaires.

Une fois garé dans son parking souterrain, Christian accéda à son appartement attenant au box. Il était au rez-de-chaussée et bénéficiait d’une belle terrasse. L’endroit était lumineux et peut-être un peu trop grand pour une seule personne, surtout lorsqu’il s’agissait de faire le ménage. Heureusement, il était très maniaque. Contrairement à Kevin, qui était d’une nature très bordélique, Christian adorait faire le ménage. Ça le détendait, mais il ne l’avouerait jamais...

Christian posa ses clés sur le comptoir de sa cuisine américaine et détacha sa cravate pour se mettre à l’aise. Il laissa ses chaussures vernies devant l’entrée et rejoignit sa grande salle de bain pour se faire couler un bain. C’était une sorte de petit rituel pour se ressourcer après sa longue journée de travail. Surtout lorsqu’il était en réunion toute la journée et qu’il devait montrer des chiffres, comme aujourd’hui.

Il passa vingt bonnes minutes à se prélasser dans l’eau chaude avant qu’elle ne refroidisse. Le temps nécessaire pour décompresser avant que sa mère, Marie-Louise, ne l’appelle, comme tous les soirs depuis qu’il avait quitté le nid familial. Pour sa défense, elle était célibataire depuis qu’il avait quatre ans. Son père n’était pas une bonne personne et Marie-Louise avait préféré le quitter avant de s’enfermer dans l’enfer d’une relation toxique. C’est comme ça qu’ils avaient abandonné la Martinique pour se retrouver dans le sud de la France. Toutefois, sa mère avait mis un point d’honneur à lui enseigner la culture de son île. De fait, il était devenu très croyant et suivait la religion évangélique avec assiduité, ne ratant jamais la messe du dimanche.

De toute façon, il n’avait pas envie d’entendre les sermons de sa mère s’il avait le malheur de manquer les paroles du prêcheur, même si, depuis qu’il s’était exilé en région parisienne pour trouver un travail qui lui convenait, elle n’en saurait pas grand-chose.

Christian eut à peine le temps de se sécher, de s’hydrater avec une crème à la noix de coco et de s’habiller que son téléphone sonna, affichant la photo de Marie-Louise. Une belle femme de couleur, très coquette et sophistiquée.

— Bonsoir, Maman, tu as passé une bonne journée ?

Marie-Louise sourit en entendant la voix grave et chaleureuse de son fils. Puis, elle commença à lui raconter sa journée en détail, ne laissant pas une seule seconde à Christian pour en placer une. Comme d’habitude, il l’écouta d’une oreille distraite, en faisant un peu de ménage.

Bien que sa mère soit un moulin à parole, il aimait l’entendre chaque soir. En même temps, il vivait seul et il trouvait agréable de pouvoir parler avec quelqu’un quand il rentrait chez lui.

Une fois que la conversation se fut tarie, sa mère lui souhaita une bonne soirée et il raccrocha. Puis, il se prépara un repas équilibré et dîna devant une série policière.

Vers 23 h, il reçut un autre coup de téléphone. C’était Zoé, sa cousine qui séjournait parfois dans sa chambre d’amis, avant de repartir pour l’étranger où elle faisait des défilés.

— Je m’apprêtais à me coucher, commença Christian.

— Désolée, c’est juste que notre avion vient d’atterrir et qu’on aimerait passer la nuit chez toi, enchaîna Zoé.

— On ? râla Christian.

— Kristen et moi… Elle boude un peu Kevin en ce moment et on peut dormir dans la même chambre.

— Vous arrivez dans combien de temps ? soupira Christian.

— Vingt minutes. Merci, mon cousin !

— La prochaine fois, préviens-moi à l’avance, bougonna-t-il.

— Promis ! s’écria-t-elle joyeusement avant de raccrocher.

Comme Christian était quelqu’un de très ordonné, il prépara sa chambre d’amis et sortit une paire de draps propres avant l’arrivée de ses invitées. Il aimait changer les draps lorsqu’ils n’avaient pas servi pendant un moment.

Ensuite, il envoya un message à sa cousine pour la prévenir de ne pas faire de bruit et de fermer la porte derrière elle. Il préférait se réfugier dans sa chambre avant leur arrivée plutôt que de subir l’invasion de ces deux tornades à une heure si tardive.




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