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Photo du rédacteurOlivia Sunway

Wilfully Love - Chapitre 2

Le lendemain matin, ce fut l’odeur agréable du café qui réveilla Christian. Après un moment de flottement, il se rappela qu’il n’était pas seul et se leva avec énergie pour rejoindre la cuisine.

— Bonjour, mon cousin ! s’écria joyeusement Zoé en lui tendant une tasse de café fumante.

Il sourit en la prenant.

— Alors, quoi de prévu aujourd’hui ? enchaîna Kristen.

Christian haussa les épaules. Il n’était pas très bavard, mais il savait que ces deux pipelettes se chargeraient de faire la conversation.

— Parce qu’on voulait t’emmener à une expo où il y a des tonnes de filles canons ! continua Zoé en prenant son cousin par le bras. Alors, ça te tente ?

Christian pinça les lèvres et afficha une moue blasée.

— Zoé…, soupira-t-il. Ça ne m’intéresse pas.

— Je sais que tu ne penses qu’à ton travail, mais tu devrais avoir une femme dans ta vie. Une autre que ta mère, je veux dire.

Kristen pouffa et Christian se dégagea de la prise de sa cousine pour croiser les bras sur son torse en la toisant avec contrariété.

— Si tu continues à me chambrer, tu vas finir à la porte, la menaça-t-il en s’efforçant d’être intimidant.

Zoé imita une bouche qui parle avec sa main en répliquant.

— Et blablabla. Arrête un peu, je sais pertinemment que tu ne ferais jamais ça. Tu m’aimes trooooop, rigola-t-elle.

Kristen continuait de pouffer entre deux bouchées de tartines de confiture et Christian ne put s’empêcher de la taquiner.

— Je ne suis pas sûre que ce soit permis dans ton régime, Kristen.

Elle lui fit les gros yeux sans cesser de s’empiffrer. Puis, elles s’en allèrent enfin à leur exposition. Au moment où la porte se referma derrière elles, Christian lâcha un soupir de soulagement.

Quand il voyait comment se comportaient Kristen et sa cousine, il n’avait aucune envie d’habiter avec une femme. Il aimait trop sa tranquillité et l’ordre qui régnait chez lui lorsque ces deux furies n’étaient pas là. Même s’il devait reconnaître que leur présence apportait une touche de chaleur et de bonne humeur à son foyer qu’il appréciait. Mais il ne l’avouerait jamais.

Christian n’avait pas beaucoup de passions à part son travail. Il était un peu trop rigide sur son hygiène de vie, car il voulait vivre longtemps et en bonne santé. Ses seules activités, en dehors du ménage, se résumaient à quelques séances de footing et l’entretien de ses bonsaïs. Parce que, oui, Christian adorait tout ce qui touchait aux jardins zen et au Japon. Dans son salon, il avait une magnifique collection d’arbres nains, dont un magnifique érable rouge d’une dizaine d’années. Il avait même un mini jardin zen avec un petit râteau qu’il s’amusait à ratisser de temps à autre.

Bien sûr quand il n’était pas au boulot, il vérifiait ses mails tous les quarts d’heure pour traiter les urgences, quelle que soit son activité du moment. Autant dire qu’il travaillait pratiquement 24 h sur 24 h.

Et comme il adorait son travail, même si c’était épuisant et stressant, il attendait avec impatience que le weekend passe pour retrouver son bureau.

*****

Le lundi matin, lorsque Éloïse arriva à son bureau, elle retrouva ses six collègues avec qui elle discutait et rigolait beaucoup. Éloïse venait tout juste d’arriver dans le service informatique de cette société de composite. Ce qui l’avait frappée au premier abord, c’était l’ambiance conviviale qui régnait dans l’open space. Lors de son entretien, elle avait eu un très bon feeling avec son manager. Chose qui s’était confirmée à sa prise de poste.

À vrai dire, le jour où elle avait découvert son bureau et ses collègues, elle avait eu le pressentiment qu’elle resterait dans cette entreprise pour longtemps. Et elle espérait que ce serait le cas.

D’ailleurs, lorsque son chef, Mathieu, lui avait présenté Marie, une magnifique femme brune aux yeux verts qui apportait une touche de chaleur, elle avait eu une sorte de coup de foudre pour cette fille. Un coup de foudre amical, bien sûr. Mais elle s’était dit que travailler à côté d’elle serait vraiment agréable. Puis, il y avait eu Kelly, une belle blonde aux yeux bleus pétillants avec des ongles fluorescents. Une fille calme, travailleuse, mais bavarde quand on parlait d’un sujet qui l’intéressait. Elle s’habillait toujours à la cool et avait un charme naturel.

Ensuite, elle avait fait la connaissance de Juliette, une jeune fille assez discrète avec de longs cheveux roux. Elle était sympathique lorsqu’on prenait la peine de lui adresser la parole. Toujours habillée avec classe, elle faisait son travail avec passion. Marion, par contre, c’était la nana simple, mais rebelle. Elle avait une coiffure asymétrique assez courte, d’une teinte pourpre. Son nez arborait un piercing sur le côté gauche et elle ne mâchait pas ses mots. Tout ça inquiétait un peu Éloïse, car ce genre de personnalité créait souvent des conflits.

Et pour finir, la personne la plus extravagante de ce petit groupe : Evelyne. Une petite ronde d’une cinquantaine d’années qui ne disait que des gros mots. Heureusement, elle était drôle aussi, mais Marie et elle n’arrêtaient pas de se taquiner et de s’envoyer des vannes. Autant dire que l’ambiance était bonne entre deux appels de dépannage informatique.

D’ailleurs, il y avait pas mal de passages dans leur bureau. Beaucoup de personnes venaient leur faire un petit « coucou » dans la journée. Encore plus lorsque les filles apportaient des friandises à grignoter. Ces jours-là, Mathieu se faisait une joie de venir piquer dans leur stock. Et dès qu’il recevait une mauvaise nouvelle de la direction, de Christian en l’occurrence, il faisait une double razzia.

Même si le PDG était un homme très classe et plutôt beau gosse, Éloïse avait tout de même quelques à priori sur lui. Il ne venait jamais leur rendre visite. Alors, lorsqu’il se pointa dans leur bureau ce lundi matin, elle en resta bouche bée. Et vu le silence ambiant, elle n’était pas la seule à être surprise.

— Bonjour, commença Christian d’un ton formel.

Il regarda l’ensemble des employées en remarquant qu’il n’y avait plus que des femmes, comme il s’en était douté. Puis il reporta son attention sur Éloïse en dissimulant son impatience. Il aurait dû appeler, mais il n’avait pas pu résister. Depuis vendredi soir, il ne pensait qu’à la revoir, même si c’était complètement saugrenu et qu’il ne devait en aucun cas dévoiler cette nouvelle lubie à quiconque, encore moins à l’intéressée.

Tout le monde lui répondit avec un certain malaise, même Éloïse qu’il continuait à observer de la plus discrète des façons.

— Éloïse, vous pouvez venir dans mon bureau quelques minutes ?

Elle se leva d’un bond, semblant embarrassée, et Christian se rendit compte que son ton et sa demande pouvaient être tendancieux, surtout dans cette société où les ragots allaient bon train. Et il était hors de question qu’une rumeur naisse entre Éloïse et lui à cause de ses propos.

— Pour mon problème d’ordinateur, crut-il bon d’ajouter alors que tout le monde regardait Éloïse s’approcher de Christian, prête à le suivre docilement.

— Oui, bien sûr, acquiesça-t-elle.

En fait, Christian n’aurait peut-être pas dû ajouter cette phrase, car il sentait que ses employées trouvaient sa façon de se justifier un peu bizarre et inhabituelle.

Pour éviter de s’enfoncer davantage, il préféra ne rien ajouter et s’engagea dans le couloir en vérifiant qu’Éloïse le suivait bien. Mais, contrairement à ce qu’il aurait voulu, elle n’était pas à côté de lui, mais sur ses talons, avec une attitude discrète et studieuse, propre à ce qu’il avait déjà observé d’elle. Son ventre bouillonnait. Christian mourait d’envie de lui parler, d’engager une conversation moins banale qu’un « bonjour » adressé à la cantonade. Il serra les poings, en se faisant violence pour ne pas faire de conneries. Et, surtout, pour ne pas la toucher, même s’il en crevait d’envie.

En fait, il avait déjà fait n’importe quoi en arrivant ce matin. Il n’aurait jamais dû se rendre au service informatique et encore moins débrancher son câble d’alimentation de la station d’accueil de son PC portable, juste pour la faire venir dans son bureau. Juste pour la voir et contempler sa silhouette menue, ses cheveux dorés et ses beaux yeux noisette pleins de profondeur. Et même si elle était toujours habillée avec une chemise qui ressemblait à celle d’un bucheron et d’un jean délavé, elle n’en était pas moins hyper sexy.

Christian n’en revenait pas d’avoir ce genre de pensées pour une de ses employées. C’était complètement débile et il n’avait pas le temps pour ça. Il voulait continuer à développer son entreprise et rien d’autre !

Il était tellement obnubilé par Éloïse qu’il ne prêta aucune attention à Babeth lorsqu’il passa devant le comptoir d’accueil. Quand il entra dans son bureau, Éloïse sur les talons, l’ambiance était un peu trop tendue à son goût. Le silence était pesant et Éloïse semblait très mal à l’aise. Peut-être était-ce à cause de lui ? Son corps était crispé à l’extrême pour se retenir de dire ou de faire quelque chose de débile qu’il regretterait aussitôt.

— Alors, quel est le problème, cette fois ? s’enquit Éloïse avec douceur.

Sa voix lui arracha un frisson. Son estomac se comprima tant il s’efforçait de garder une attitude normale. Comme la première fois qu’il l’avait vue, il sentit une bouffée de chaleur lui irradier le visage.

Bordel ! Il espérait vraiment que son malaise ne se remarquait pas mais, à en croire l’attitude d’Éloïse, c’était loin d’être le cas.

— C’est… heu… la souris et l’écran ne fonctionnent plus.

— Je vois, dit-elle en se précipitant vers la station d’accueil reliée à son PC portable.

Elle appuya plusieurs fois sur le bouton Power de la station d’accueil, puis tira le câble d’alimentation pour trouver la prise et se pencha en avant pour la rebrancher. La vue de son postérieur moulé dans un jean ajusté donna des sueurs froides à Christian. Il tira un peu sur le nœud de sa cravate et se retint de défaire le premier bouton de sa chemise, tant il se sentait oppressé.

— C’était juste débranché, rien de grave, déclara Éloïse en se tournant vers Christian.

Lorsqu’elle avisa son expression, elle fronça les sourcils en le dévisageant avec inquiétude.

— Est-ce que vous allez bien ? questionna-t-elle ensuite, comme la première fois qu’elle s’était rendue dans son bureau.

Ça allait devenir une habitude s’il lui demandait de venir dépanner son ordinateur tous les jours. Et ce n’était pas ce qu’il voulait. Peu importait que ce sentiment inconnu lui vrille les entrailles, il ne pouvait pas faire n’importe quoi. Il risquait tout de même de se faire accuser de harcèlement…

— Heu… oui, je…

Mais une furie blonde s’engouffra dans son bureau à cet instant.

— Dis donc, Christian, je croyais qu’on devait se voir à 9 h pétantes pour ce nouveau client dont on a parlé vendredi. Tu n’es jamais en retard d’habitude, lâcha Jessica en avisant Éloïse près de son supérieur.

Christian se figea, puis ouvrit la bouche, mais Jessica ne lui laissa aucune chance d’en placer une.

— C’est cette blonde de l’informatique qui te met dans cet état ? Tu m’as l’air bien tendu, ajouta-t-elle en le taquinant.

— Jessica ! s’exclama Christian un peu trop fort.

— Je vais vous laisser, balbutia Éloïse, ne sachant plus où se mettre.

Elle n’avait pas vraiment compris l’allusion de celle que l’on surnommait la garce sans cœur, mais elle sentait qu’elle devait déguerpir au plus vite, sous peine de recevoir son courroux.

— Oui, heu… merci, Éloïse.

— Mais tu bégayes en plus ? renchérit Jessica.

— La ferme ! grogna Christian alors qu’Éloïse quittait son bureau au pas de course.

Une fois qu’elle fut partie, Jessica croisa les bras sous sa poitrine, les doigts crispés sur le dossier qu’elle tenait.

— Alors comme ça, tu aimes les blondes ?

Elle s’approcha en lui lançant un regard inquisiteur, puis posa le dossier sur le bureau de Christian. Son comportement était à la limite de la décence lorsqu’elle fit glisser une main sur son pectoral musclé. Il s’écarta d’un pas en arrière dans un réflexe.

— Je peux savoir ce qui te prend ? bougonna-t-il, confus.

— Pourquoi, on n’a jamais couché ensemble ? se plaignit Jessica en faisant la moue.

Christian fronça les sourcils, estomaqué par ses propos déplacés.

— Tu plaisantes ?!

— Pas du tout. Tu es tout à fait mon style. Ton corps est à tomber et tes yeux… oui, tes yeux sont tellement magnifiques.

— Tu t’es droguée avant de venir, ce matin ?

— Mais pas du tout ! Pourquoi tu n’acceptes jamais mes compliments sur ton physique ? Je suis mille fois plus belle que cette blondasse habillée comme une plouc !

Christian ferma les yeux en prenant une profonde inspiration pour conserver son calme.

— Pour commencer, lorsque je t’ai rencontrée, tu sortais avec Kevin et il t’aime toujours. Non que j’aie besoin de me justifier, mais bon… Deuxièmement, je ne fais jamais attention aux femmes, ça ne m’intéresse pas. De toute façon, elles ne me regardent pas… et troisièmement, tu sors avec Martin.

Jessica écarquilla les yeux. La seule chose qu’elle avait entendue était le deuxièmement.

— Mais bien sûr qu’elles te regardent. Tu as le physique d’un dieu grec, tu gagnes bien ta vie et, en plus, tu t’habilles en costume tous les jours. Crois-moi, c’est assez aphrodisiaque, si tu veux mon avis. Et, la cerise sur le gâteau, ton parfum est envoûtant.

Christian dévisagea Jessica en tombant des nues.

— C’est… Une blague ? Tu plaisantes ? Enfin… Je n’ai jamais plu aux femmes et…

Elle lui adressa un regard sévère.

— Mais dans quel monde tu vis ? s’exclama-t-elle.

Christian ne savait pas quoi répondre parce que depuis son adolescence désastreuse en termes de conquête féminine, il n’avait pas vu son corps se transformer. Il avait simplement fermé les yeux sur cet aspect de sa vie.

— Depuis combien de temps es-tu célibataire au juste ? demanda-t-elle ensuite.

Christian serra les mâchoires. Il finit par se ressaisir.

— Tu n’es pas venue pour parler de ma vie amoureuse ou me faire des avances, il me semble, éluda-t-il.

Jessica plissa les yeux, déterminée à en savoir plus.

— J’aimerais juste savoir comment tu me trouves.

Il fronça les sourcils, sachant pertinemment que sa réponse pourrait déclencher une catastrophe nucléaire.

— Tu es très jolie, Jess, et tu le sais.

— « très jolie » ? s’offusqua-t-elle. La plupart des hommes que je croise me qualifient de « bombe ». Tu es sûr que tu n’es pas gay ?

Christian leva les yeux au ciel, blasé par cette conversation.

— Non, je ne suis pas gay, grogna-t-il. Pourquoi faut-il que tout le monde pense que je suis gay ?

— Peut-être parce qu’on ne t’a jamais vu avec une fille… Bon, et cette blonde qui vient de quitter ton bureau, comment tu la trouves ?

Soudain, le visage de Christian s’illumina et un sourire naquit sur ses lèvres.

— Elle est… magnifique.

— QUOI ?! Mais elle ne ressemble à rien, s’écria Jessica, vexée.

Christian faillit se boucher les oreilles pour ne plus l’entendre piailler.

— Bon sang, Jessica ! Arrête de te comporter comme si tu étais jalouse, c’est n’importe quoi ! Si tu continues, je vais aller en toucher deux mots à Martin.

En entendant ces paroles, Jessica devint livide et se calma immédiatement.

— Désolée…, balbutia-t-elle, gênée tout à coup.

Christian rajusta sa veste de costume pour se donner une contenance et s’assit sur son fauteuil en faisant signe à Jessica de prendre place en face de lui. Elle s’exécuta et regarda le dossier posé sur le bureau. Même si le sujet semblait être clos, Christian ne put s’empêcher de poser une question qui remit de l’huile sur le feu.

— Tu me trouves vraiment canon ?

— Bien sûr que oui, soupira Jessica en faisant la moue.

Christian l’observa encore un moment, ne sachant pas si elle mentait ou si elle lui disait la vérité, car personne ne lui avait jamais fait ce genre de compliment.

— Tu ne me crois pas ? renchérit-elle, un peu surprise.

Christian avala difficilement sa salive et cacha son embarras en attrapant le dossier sur son bureau. Ensuite, ils parlèrent enfin boulot et Jessica n’évoqua plus son corps d’Adonis ni ses yeux ni son parfum. Pourtant, les mots de Jessica ne cessaient de tourner en boucle dans l’esprit de Christian.

Se pouvait-il qu’il soit beau et qu’il plaise aux femmes ?

Non, cela ne l’intéressait pas, il voulait simplement que son entreprise prospère et une femme lui aurait mis des bâtons dans les roues. Malgré tout, le visage d’Éloïse s’imposa à lui et il la revit marcher avec lui dans le couloir. Puis la vision de ses fesses moulées dans un jean délavé lui provoqua de nouveau une bouffée de chaleur incontrôlable.

Alors que Jessica lui parlait toujours, il desserra discrètement sa cravate et fit sauter le premier bouton de sa chemise.

— Quelque chose ne va pas ? demanda Jessica lorsqu’elle remarqua le trouble de Christian.

Il se racla la gorge.

— Non, tout va bien, balbutia Christian d’une voix un peu trop enrouée à son goût.

Il était tellement mal à l’aise qu’il ne savait plus où se mettre. En plus, Jessica ne le croyait pas vraiment mais, pour une fois, elle n’insista pas et continua sa présentation sur le nouveau client qu’elle venait de faire signer.




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